Elisabeth
Ecrivain Néophyte de Polars Bizarres




Nombre de messages : 8077
Age : 65
Localisation : BRUGUIERES
Emploi : Professeur
Loisirs : lecture cinéma peinture cuisine jardinage déco home
Date d'inscription : 05/05/2013
|
Sujet: Pâques en poésies.....Emile Verhaeren, Marcel Pagnol, Apollinaire Mer 9 Avr - 17:05 |
|
|
Émile VERHAEREN "Les blés mouvants"
A Pâques
Frère Jacques, frère Jacques, Réveille-toi de ton sommeil d'hiver Les fins taillis sont déjà verts Et nous voici au temps de Pâques, Frère Jacques.
Au coin du bois morne et blêmi Où ton grand corps s'est endormi Depuis l'automne, L'aveugle et vacillant brouillard, Sur les grand-routes du hasard, S'est promené, longtemps, par les champs monotones ; Et les chênes aux rameaux noirs Tordus de vent farouche Ont laissé choir, De soir en soir, Leur feuillage d'or mort sur les bords de ta couche.
Frère Jacques, Il a neigé durant des mois Et sur tes mains, et sur tes doigts Pleins de gerçures ; Il a neigé, il a givré, Sur ton chef pâle et tonsuré Et dans les plis décolorés De ta robe de bure.
La torpide saison est comme entrée en toi Avec son deuil et son effroi, Et sa bise sournoise et son gel volontaire ; Et telle est la lourdeur de ton vieux front lassé Et l'immobilité de tes deux bras croisés, Qu'on les dirait d'un mort qui repose sous terre.
Frère Jacques, Hier au matin, malgré le froid, Deux jonquilles, trois anémones Ont soulevé leurs pétales roses ou jaunes Vers toi, Et la mésange à tête blanche, Fragile et preste, a sautillé Sur la branche de cornouiller Qui vers ton large lit de feuillages mouillés Se penche.
Et tu dors, et tu dors toujours, Au coin du bois profond et sourd, Bien que s'en viennent les abeilles Bourdonner jusqu'au soir à tes closes oreilles Et que l'on voie en tourbillons Rôder sur ta barbe rigide Un couple clair et rapide De papillons.
Pourtant, voici qu'à travers ton somme Tu as surpris, dès l'aube, s'en aller Le cortège bariolé Des cent cloches qui vont à Rome ; Et, leurs clochers restant Muets et hésitants Durant ces trois longs jours et d'angoisse et d'absence, Tu t'éveilles en écoutant Régner de l'un à l'autre bout des champs Le silence.
Et secouant alors De ton pesant manteau que les ronces festonnent Les glaçons de l'hiver et les brumes d'automne, Frère Jacques, tu sonnes D'un bras si rude et fort Que tout se hâte aux prés et s'enfièvre aux collines A l'appel clair de tes matines.
Et du bout d'un verger le coucou te répond ; Et l'insecte reluit de broussaille en broussaille ; Et les sèves sous terre immensément tressaillent ; Et les frondaisons d'or se propagent et font Que leur ombre s'incline aux vieux murs des chaumières ; Et le travail surgit innombrable et puissant ; Et le vent semble fait de mouvante lumière Pour frôler le bouton d'une rose trémière Et le front hérissé d'un pâle épi naissant.
Frère Jacques, frère Jacques Combien la vie entière à confiance en toi ; Et comme l'oiseau chante au faîte de mon toit ; Frère Jacques, frère Jacques, Rude et vaillant carillonneur de Pâques.
Marcel Pagnol
ŒUFS DE PÂQUES
Voici venir Pâques fleuries, Et devant les confiseries Les petits vagabonds s'arrêtent, envieux. Ils lèchent leurs lèvres de rose Tout en contemplant quelque chose Qui met de la flamme à leurs yeux. Leurs regards avides attaquent Les magnifiques œufs de Pâques Qui trônent, orgueilleux, dans les grands magasins, Magnifiques, fermes et lisses, Et que regardent en coulisse Les poissons d'avril, leurs voisins. Les uns sont blancs comme la neige. Des copeaux soyeux les protègent. Leurs flancs sont faits de sucre. Et l'on voit, à côté, D'autres, montrant sur leurs flancs sombres De chocolat brillant dans l'ombre, De tout petits anges sculptés. Les uns sont petits et graciles, Il semble qu'il serait facile D'en croquer plus d'un à la fois ; Et d'autres, prenant bien leurs aises, Unis, simples, pansus, obèses, S'étalent comme des bourgeois. Tous sont noués de faveurs roses. On sent que mille bonnes choses Logent dans leurs flancs spacieux L'estomac et la poche vides, Les pauvres petits, l'œil avide, Semblent les savourer des yeux.
Le lapin
Je connais un autre connin Que tout vivant je voudrais prendre. Sa garenne est parmi le thym Des vallons du pays de Tendre.
Guillaume Apollinaire (1880 - 1918)
|
|
Invité
Invité
|
Sujet: Re: Pâques en poésies.....Emile Verhaeren, Marcel Pagnol, Apollinaire Mer 9 Avr - 18:45 |
|
|
Bien sympa cette idée !
|
|
yugcib
Littérophage Nota Beniste Yugcibien - Specimen Unique




Nombre de messages : 7585
Age : 70
Localisation : 186 route d'audon, 40400 TARTAS
Emploi : Sans activité
Loisirs : Vélo, promenade, littérature, écriture
Date d'inscription : 16/10/2005
|
Sujet: Re: Pâques en poésies.....Emile Verhaeren, Marcel Pagnol, Apollinaire Ven 18 Avr - 6:57 |
|
|
Pâquépapikpac
Pâquépapikpac Toute la frangue en messe et en cloches Pâquépapikpac Ils vont jamais à la messe et ce dimanche là ils y vont Pâquépapikpac Cela est juste et bon L'élévation Le sermon Pâquépapikpac Toute la frangue en messe et en cloches Filles et femmes en voilettes et grand chic Pâquépapikpac Cela est juste et bon Même con Même sans purée Pâquépapikpac Le kiki qui fait tic tac dans le futal En tressaute déjà tôt matines du radada d'après midi Quand les cloches feront la sieste Pâquépapikpac Le penseau bedonne de pensées pieuses Juste le temps de l'élévation Cela est juste et bon Même pauvre comme Job sur son tas de fumier Pâquépapikpac Toute la frangue en messe et en cloches Le papa Raffarin n'avait pas sucré le lundi De paquépapikpac Et le mardi qui vient On retroue le cul à la racaille Et on remet cent balles dans le dada Pâquépapikpac Mardi c'est reparti Pour une crade messe dans la frangue en détresse Et rebelote Pâquépapikpac Gare au dix de der
... Texte "de Pâques" (à la Yugcib) écrit en avril 2010...
_________________ "Nous ne pouvons savoir! Nous sommes accablés d'un manteau d'ignorance et d'étroites chimères! [Arthur Rimbaud]
|
|
Contenu sponsorisé
|
Sujet: Re: Pâques en poésies.....Emile Verhaeren, Marcel Pagnol, Apollinaire  |
|
|
|
|